Steppes et Parcours

Share on facebook
Share on linkedin
Share on twitter

Développement et préservation des parcours steppiques et modernisation de la filière des élevages ovin et caprin.

Les systèmes de production dominants en zone steppique y sont fondés sur la liaison étroite entre l’agriculture et l’élevage, où sont pratiquées les cultures orientées vers la satisfaction des besoins  alimentaires  des  cheptels,  constituant  ainsi,  un   écosystème  steppique  devant permettre  l’adéquation  entre  les  ressources naturelles  et  les  besoins  de  l’activité  qui  s’y pratique.

Cependant, ce système subit une évolution régressive, ne cessant de se dégrader à cause des  contraintes  naturelles  et  anthropiques,  lesquelles  sont  à  l’origine  de  la  rupture  des équilibres  traditionnels  entre  l’activité  pastorale  et  les  ressources  naturelles  offertes,  se traduisant  par  une  régression  du  couvert  végétal  des  parcours,  aggravée  par  des  effets climatiques défavorables, un défrichement accéléré et le surpâturage incontrôlé.

Ces phénomènes touchent pratiquement la majorité des étendues de la steppe algérienne qui couvrent 25 wilayas (8 steppiques,  13 agropastorales et 4 pastorales présahariennes) et d’une superficie totale de 32 millions d’hectares, soit près de 14% de la superficie du pays, et sont des pâturages et des nappes alfatières, caractérisées par une dynamique dominée par l’élevage, avec un cheptel composé de 23 410 694 têtes d’Ovins, dont 60 % de reproductrices et de 3 997 372 têtes de Caprins, garantissant une fonction socio-économique qui représente

42% de la valeur ajoutée du secteur agricole et permettant le maintien des emplois et des revenus, cette activité profite à 80 % de la population estimée à 9 millions d’habitants.

Le constat demeure non encourageant puisqu’un fort pourcentage des parcours steppiques y sont réduits considérablement et restent prisés par les pasteurs, et ce, malgré l’intervention des pouvoirs publics, qui depuis les années 2000, ont mis en place  une stratégie visant le développement de plus de 3.2 millions d’ha de périmètres de mise en défens, l’aménagement des  parcours  sur  plus  de  400 000  ha  par  des  plantations  pastorales,  la  réalisation  et réhabilitation de plus de 1 600 ceds de dérivation qui ont permis l’intensification des fourrages sur plus de 440 000 ha, et les travaux de conservation des eaux et des sols sur près de 3.6 millions m3, la réalisation et réhabilitation de plus de 9 000 points d’eau, acquisition et installation de plus de 6 000 kits solaires et éoliens pour les forages, les puits et les kheimas des éleveurs, ces efforts ont permis la création de plus de 165 000 emplois. Les résultats obtenus sont appréciables, mais nécessitent encore une consolidation, un renforcement et un appui pour une plus grande efficience.

A cet effet, que des rencontres régionales ont été organisées avec les éleveurs des espaces steppiques et présahariens et  l’aboutissement à la tenue de la Rencontre Nationale des Eleveurs Ovins au niveau de Ain Dhab dans la wilaya de Tiaret,  présidée par Monsieur le Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche et regroupant plus de 600 éleveurs  venus de 25 wilayas, ont constitué une large assise de concertation et force de propositions de solutions durables à l’activité  pastorale, la préservation des parcours et le développement des élevages.

Devant cet état de fait et afin d’atténuer la détérioration de la situation et son évolution incontrôlée, de concert il a été jugé  opportun et impératif de mettre en place une stratégie spécifique visant un développement harmonieux et une préservation des parcours steppiques et présahariens en intégrant la modernité et la valorisation des élevages ovins et caprins, devant  permettre  la  mise  en  place  d’un  système  de  production  équilibré  et  intégré  aux abattoirs,  et  ce,  afin  de  satisfaire  les  besoins  de  consommations,  sachant  que  sur  la production nationale de 525.650 tonnes de viandes rouges (toutes viandes confondues) la grande part de 300.000 tonnes proviennent de la viande ovine.

A ce titre, des mesures et des dispositions qui s’imposent, visant une véritable relance pour la préservation des parcours et la modernisation de la filière des élevages ovins et caprins se sont dégagés et qui doivent être opérationnalisées, à savoir :

–    La protection sociale des éleveurs et l’amélioration de leurs conditions de vie par leur intégration dans les dispositifs de  sécurité sociale et que les membres de leurs familles aient accès aux différents services offerts sans encourir de difficultés financières.

  • La pérennisation des activités de l’élevage par l’intéressement et la formation des enfants des éleveurs.
  • La préservation des parcours par la généralisation de la mise en défens, comme étant un instrument fondamental pour atteindre 07 millions d’ha d’ici 2019.
  • La gestion efficiente et efficace de la mise en défens par l’implication des organisations des éleveurs et les collectivités locales.
  • L’orientation de l’exploitation des espaces agropastoraux en assurant la complémentarité entre la mise en valeur agricole des terres et les zones de parcours dédiées exclusivement au pâturage.
  • L’organisation de l’espace par la mise en place d’outils et mécanismes permettant d’éviter les conflits d’intérêts entre les  différents usagers, la préservation et la régénération du couvert végétal, l’intégration des activités agropastorales, la promotion des échanges et la commercialisation.
  • L’intégration des abattoirs dans les circuits de ventes établis par les éleveurs, visant une meilleure organisation de la commercialisation.
  • La   finalisation   de   la   Loi   spécifique   portant   gestion   des   parcours   steppiques   et présahariens, considérée comme instrument juridique indispensable pour la régulation des actions des différents intervenants et exploitants.
  • Utilisation efficiente des moyens existants par une valorisation et rationalisation.
  • L’identification des cheptels par des signes de marquage, avec procédé simple et faible, permettant le recensement, le suivi sanitaire et la traçabilité des déplacements.
  • Le développement et la préservation des races locales et leurs spécificités génétiques.
  • La dynamisation des interventions et l’exploitation des infrastructures réalisées et leur valorisation.
  • La conditionnalité de l’incitation à l’élevage ovin et caprin par l’engagement et l’implication des éleveurs dans les efforts de développement de la filière et la préservation des espaces steppiques.

Ces principales mesures, dont d’autres sont portées en annexe, ne peuvent avoir des effets remarquables sur le terrain, ni des impacts significatifs pour le moyen et le long terme, sans un renforcement de la concertation et le dialogue entre les différents intervenants, essentiellement les organisations des éleveurs, et ce, par leur implication directe et concertée dans les efforts de développement et de conservation des espaces steppiques et présahariens et dans la modernisation de la filière d’élevage ovin et caprin.

1/  La préservation des parcours steppiques.

  • La plantation pastorale avec l’implication des exploitants pour la plantation sur les terres reconnues aux particuliers.
  • Actualisation de l’étude permettant la distinction des terres de parcours et les zones potentielles à l’agriculture en zone steppique.
  • Interdiction des labours illicites et défrichement par un dispositif réglementaire (circulaire interministérielles…).
  • Installation d’un système de veille, de suivi, de contrôle et d’information avec l’implication des structures (DGF, HCDS,DSA, CAW et fédération des éleveurs..).

2/  L’Approvisionnement en orge pour le cheptel.

  • Rationalisation du dispositif existant par l’assainissement des listes d’éleveurs et leur organisation en coopératives.
  • Renforcement du dispositif par de nouveaux points de vente et aller vers une libéralisation progressive du marché.
  • Développement des cultures fourragère en irriguée, notamment l’orge.

3/  La bonne conduite de l’élevage.

  • Elimination des bêtes improductives (brebis âgées, mâles encombrants….) par des incitations par le biais des abattoirs.
  • Formation   et   vulgarisation   de   l’utilisation  des   techniques  de reproduction   modernes   (’insémination   artificielle, synchronisation des chaleurs).
  • Mise en œuvre des programmes de sélection massale des races dans  leurs berceaux par les instituts techniques spécialisées ITELV, CNIAAG…..
  • Implication  des  éleveurs  potentiels  dans  la  préservation  et  le  développement  des  races  dans  leurs  berceaux  en collaboration avec les instituts.
  • Redynamisation et orientation des fermes pilotes pour la production de géniteurs.

4/  L’encadrement de la transhumance.

  • Lancement de l’étude d’identification des zones concernées par la transhumance (les zones d’hivernage, attentes, les couloirs de transhumance, …)
  • Mise  en  place  d’un  système  de  suivi  et  d’encadrement  par  le  HCDS  avec  l’utilisation  des  techniques  modernes (Télédétection. SIG …) et par des équipes médicales et vétérinaires mobiles.
  • Renforcement de l’abreuvement des cheptels par des points d’eau dans les zones potentielles.

5/  La mise en valeur des terres.

  • Lancement des études de faisabilité pour les périmètres à mettre en valeur par le HCDS et le BNEDER.
  • Orientation de la mise en valeur essentiellement, vers la création d’unités d’élevage moderne en intensif basées sur les cultures fourragères en irriguées et en utilisant les systèmes d’irrigation économiseurs d’eau.

6/  L’abreuvement des cheptels.

  • Poursuivre les efforts dans la réalisation des points d’eau (atteindre la norme d’1 point d’eau pour 1500 ha).
  • Accorder  de  l’importance  dans  l’action  d’hydraulique  pastorale  pour  les  parcours  présahariens  et  les  périmètres aménagés.

7/  La formation et vulgarisation.

  • Redéploiement des instituts techniques dans les zones pastorales.
  • Renforcement de l’encadrement technique des capacités humaines des administrations de la région.
  • Programmation de cycles de formation spécifique pour les éleveurs et les fils d’éleveurs.
  • Formation de vulgarisateur dans le domaine de l’aménagement des parcours.

8/  La valorisation des produits et commercialisation.

  • Création d’espaces d’écoulement et/ou d’unités de transformations au niveau des grandes agglomérations dans le cadre de l’investissement pour la valoriser des produits et les sous produits de la filière (artisanat, produits de terroir et activités liées à la femme rurale).
  • Fourniture aux ménages des éleveurs de petits matériels de transformation et de valorisation de produits et de sous produits.
  • Soutien aux activités et aux produits de l’artisanat.

9/  L’adaptation du cadre règlementaire.

  • Mise en place de commissions chargées de la protection des parcours contre les différentes formes de dégradation comprenant tous les acteurs intervenants sur cet espace.
  • Promulgation de textes d’application prévus dans la loi d’orientation agricole.
  • Révision de la circulaire relative à l’exploitation des périmètres aménagés.
  • Promulguer un texte régissant et règlementant les marchés à bestiaux.
  • Révision de la circulaire en renforçant le rôle du HCDS et en impliquant l’ensemble des acteurs entre autres, la DGF, DSA, CAW, APC et les exploitants.
  •  
Lire la suite