Agriculture de montagnes

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Développement de l’agriculture de montagne

Les zones de montagne, s’étendant sur le long de la partie nord du pays et en bordure des hautes plaines steppiques, sont  d’une importance capitale dans  le  développement  socio- économique.  Elles  représentent  un  espace  potentiel  pour  le  redéploiement  de  certaines activités et la mise en place d’infrastructures de base nécessaires au maintien des populations et à l’attractivité territoriale.

En effet, ces zones couvrent, tout ou en partie, des 28 wilayas du Nord et concernent 453 communes, soit 29% du total national, conformément à l’arrêté interministériel du 16 mai 1993, définissant les zones de montagnes. Elles occupent une superficie agricole totale (SAT) de

2,53 millions d’ha (Soit 61% de la superficie totale des zones montagneuses) dont une superficie agricole utile d’environ 1,7 millions d’ha (Soit 20% de la SAU nationale). Les forêts et maquis couvrent une superficie de plus de 1,6 millions d’ha et les parcours s’étalent sur près de 519 988 ha.

Le cheptel animalier est composé de 639 100 têtes de bovins, 2 660 000 têtes d’ovins et de

723 000 têtes de caprins. L’aviculture compte 67 millions de sujets (dont 60 millions de poulet de chair) et l’apiculture avec 613 000 ruches pleines.

L’activité agricole représente  la base de subsistance principale des populations qui y vivent et sont près de 7 millions d’hab.  (Soit 17% du total national) dont  3,5 millions d’hab de population  rurale.  La  population  active  en  agriculture  est  de  639 065  (Soit  23%  de  la population active totale).

Les  systèmes  de  production  agricole  sont  diversifiés  à  dominance  agro-sylvo-pastorale, dominés par une polyculture extensive associée à l’élevage et à l’exploitation des ressources forestières. Il est recensé 301 900 exploitations agricoles au niveau de ces zones, pour une valeur  de  production  agricole  évaluée  à  450  milliards  de  DA  (année  2014),  soit  une contribution de 16% à la valeur de la production agricole nationale.

Les zones de montagnes constituent un environnement socio-économique très dynamique et productif à longueur de l’année,  caractérisées par des diversités de combinaisons pour la subsistance,  intégrant  parfaitement  et  en  harmonie  l’activité   humaine avec ce milieu conjuguant la terre, l’eau, le végétal et l’animal. Malheureusement, ces zones sont soumises à une agressivité humaine et naturelle, accentuée par une surexploitation des ressources et un exode vers les centres urbains.

Les principales contraintes observées :

  • Des  terres  agricoles,  en  général,  de  statut  juridique  privé,  issues  essentiellement  de l’héritage familial. Elles se caractérisent par des petites tailles n’excédant rarement les 5 ha, avec un fort morcellement du parcellaire et des terres situées en majorité sur des fortes pentes ;
  • Un système de production de type extensif, dans la plupart des cas orienté vers une économie de subsistance, utilisant  très peu de facteurs de production. La main d’œuvre employée est en majorité familiale et peu qualifiée ;
  • Une pression anthropique assez forte sur les ressources naturelles (sol, eau, végétation) faute de diversification de  sources  de revenus ce qui se traduit par l’extension d’une céréaliculture  marginale  sur  les  pentes  fortes  des  versants  fragiles  et  le  surpâturage engendrant  un  processus  d’érosion  des  sols  très  grave  menaçant  les  systèmes  de production en place ainsi que les ouvrages hydrauliques en aval.

Devant cette situation particulière, et afin de faire face aux difficultés qui constituent autant d’obstacles  qui  entravent  le  développement  de  l’agriculture  en  zones  de  montagnes,  les pouvoirs publics ont jugé nécessaire d’accorder une attention  particulière et de doubler les efforts et d’initiatives pour la levée de ces contraintes dans le but de rattraper le retard enregistré et d’assurer un équilibre socio-économique territorial.

A cet effet, le secteur de l’agriculture a initié différents programmes de développement à l’encontre de ces zones, traduits par la concrétisation de plus de 4 000 projets de proximité, le reboisement forestier sur 210 000 ha, la réalisation de 100 940 ha de plantations arboricoles, le  désenclavement  sur  11 066  km  de  pistes,  la  réalisation  de  100 800  ml  de  canaux d’irrigation et  de séguia, 1 325 bassins d’accumulation d’eau, ainsi que d’autres actions de préservation des eaux et des sols, notamment la  correction torrentielle pour un volume de 1 403 233 m3.

Aussi, il y a lieu de signaler, la réalisation de projets visant l’emploi rural (PER), les projets pilotes de développement de l’agriculture de montage initié avec le FIDA et les projets menés par les associations en partenariat avec les institutions internationales. Ces projets constituent un riche réservoir d’enseignement et d’expérience à capitaliser pour un meilleur ciblage des futures actions de développement de l’agriculture de montagne.

C’est dans ce cadre qu’un groupe de travail a été mis en place, et a été chargé de proposer une  feuille  de  route  permettant  d’orienter  les  principaux  acteurs,  à  savoir :  les  services agricoles, des forêts et ceux des parcs nationaux, les chambres  d’agriculture, les Instituts concernés et les associations, afin de consolider les actions réalisées, et de proposer une approche  permettant  la  mise  en  cohérence  de  la  population  et  son  territoire  pour  une valorisation des acquis existants dans ces territoires, tout en tenant compte des spécificités agro-écologiques et des potentialités naturelles offertes.

Cette approche vise aussi,  la protection des  ressources  naturelles, la modernisation des activités agricoles, l’innovation dans  la diversification et la valorisation des productions et la levée des contraintes qui pèsent sur l’exploitation du foncier.

La feuille de route en question a été présentée comme suit :

  • La création d’un organe de concertation, de coordination et de planification de l’action, « Comité  Local »  (au  niveau  de  chaque  wilaya  montagneuse)  pour  le  développement agricole  intégré  en  zone  de  montagne  permettant  l’implication  de  tous  les  acteurs concernés : administration, profession et population cible ;
  • La réalisation d’un  diagnostic territorial participatif en tenant compte des spécificités des territoires et de leurs potentialités, les moyens d’existence et les capacités des populations à produire tout en préservant leur environnement ;
  • La  valorisation  des  réalisations  consenties  par  l’Etat  et  la  préservation  de  leurs importances socio-économique et environnementale ;
  • La valorisation des potentialités et l’identification des zones de productions.
  • La valorisation des produits de terroirs à forte valeur ajoutée spécifiques à chaque zone ;
  • Le développement de la production animale, notamment par l’amélioration des élevages bovins de race locale et valorisation des élevages caprins et ovins ;
  • Le développement de l’économie forestière par la valorisation et l’exploitation rationnelle des produits forestiers, ainsi que par le développement des activités d’agroforesterie et des activités entrant dans le cadre des périmètres d’autorisation d’usage au niveau du domine forestier national;
  • La  valorisation  des  résultats  de  recherche-développement  pour  l’adaptation  des pratiques culturales avec les moyens locaux (recherche- formation- vulgarisation) ;
  • La valorisation du capital expérience des Parcs Nationaux au profit de la population locale, pour  la  promotion  d’activités  en  rapport  directe  avec  la  préservation  des  ressources naturelles notamment le développement de l’écotourisme ;
  • La mise en place de programmes de formations spécifiques, adaptés à l’agriculture en zones de montagne, renforcés par la vulgarisation et l’assistance technique ;
  • L’introduction d’équipement agricole  et d’énergie, solaire et éolienne, adaptés aux zones de montagnes ;
  • L’accompagnement des agriculteurs pour une meilleure organisation, en coopératives et/ou associations, pour la promotion et la commercialisation des produits agricoles ;
  • La  protection  des  ressources  naturelles,  notamment  la  protection  des  terres  contre l’érosion  et  l’amélioration  des   conditions  de  vie  des  populations  par  des  actions structurantes de : désenclavement, électrification et mobilisation de la ressource en eau ;
  • La création de petites unités de stockage, de transformation et de conditionnement des produits et sous-produits agricoles de la montagne.
  • La valorisation des pratiques et savoir-faire locale et encouragement des initiatives ;

Et   compte  tenu   des   disparités  spatiales  du   territoire national,   les   orientations de développement agricole dans les zones de montagne doivent être différenciées par zone, en tenant compte de leurs potentialités  et de leurs spécificités, et ce, pour un développement harmonieux dans la perspective de la protection et la valorisation des ressources naturelles dans le cadre d’un développement durable.

L’objectif est d’avoir une approche qui permet de mettre en cohérence la population et son territoire en tenant compte des spécificités agro-écologiques et des potentialités offertes.

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